Par Aurélie Thorez – 13/02/2015
La médiation se définit, de manière générale, comme un mode alternatif et structuré de résolution des conflits.
Le médiateur est défini en Droit comme un « tiers qualifié pour aider les personnes à résoudre un conflit de manière amiable ».
Il doit être :
- neutre
- autonome
- impartial
- tenu à la confidentialité
Il a pour rôle de faciliter le dialogue et l’écoute.
Pour ce faire, il importe de créer un climat de confiance, de sincérité (loyauté) et de respect mutuel : ingrédients, et cadre indispensable, pour permettre la médiation.
La médiation peut être juridique ou conventionnelle.
Mais le champ d’application de la médiation est large : médiation par les pairs (cité, école), médiation préventive, médiation en entreprise, médiation de projet, médiation thérapeutique…
Ainsi le code d’éthique et de déontologie des médiateurs propose cette définition : « la médiation professionnelle est une discipline de la qualité relationnelle et d’aide à la décision. Elle est un processus d’accompagnement non-autoritaire visant la responsabilisation et l’autonomie des personnes, qu’il s’agisse ou non d’une situation de nature conflictuelle, dans le cadre ou en dehors d’une action judiciaire. »
Objectifs de la médiation : résoudre un litige ou un conflit, améliorer les relations (familiales, professionnelles, interculturelles, ou autre), faciliter le dialogue, prévenir les confits, encourager la communication non violente, pacifier les échanges…
De la médiation au coaching
Il y a beaucoup de points communs entre le coaching et la médiation dont le premier serait d’aimer et de croire en le potentiel humain, et le second de n’éclairer que les intentions et solutions exprimées par le client lui-même.
La posture et les principes déontologiques sont sensiblement les mêmes :
- confidentialité
- non-jugement
- respect
- bienveillance
- liberté
- écoute active
- reformulation
- indépendance
- responsabilisation du client …
Le processus est également très similaire dans la mesure où il se centre sur l’objectif du client et dans le temps nécessaire pour lui, selon un cadre fixé et accepté par tous.
Le coach, le médiateur, ne servent que de guide… Les solutions émergent des clients eux-mêmes.
La différence notable est dans les limites du processus de médiation.
1/ L’objectif de la médiation est centré sur la relation. Le médiateur doit être impartial afin de garder une position de neutralité maximale possible.
Le rapport que le coach entretien avec son client (coaché ou groupe) est différent. Il n’est pas impartial au sens du médiateur dans la mesure où il soutient, « porte le drapeau de son client ».
2/ L’objectif du médiateur est avant tout axé relation.
L’objectif du coaching est axé « résultat » (même si cela reste un objectif de moyens).
Dans une entreprise par exemple, la médiation peut servir à faciliter les échanges entre les différents membres de l’équipe (équilibre des pouvoirs, reconnaissance, liberté et équilibre d’expression, expression et gestion intelligente des désaccords…)
Le coaching va servir à accompagner une équipe dans la réalisation des objectifs qu’elle se sera fixée, il sera « facilitateur » à l’instar du médiateur, mais plus comme un « acteur » dans la conduite des objectifs fixés.
La résolution du conflit
L’objectif de la médiation, nous a t-on enseigné, n’est pas de trouver « la » solution au conflit, mais de créer le lien qui permette de faire émerger « leur » solution, le résultat de la fusion entre « x » et « y ».
Avec un seul outil indispensable : la communication. Faire communiquer « x » et « y » pour que « x » et « y » trouvent ensemble leur solution commune. La solution qui satisfasse aussi bien à « x » qu’à « y ».
La clé essentielle de la communication étant l’écoute.
1/ S’écouter (soi-même) pour être entendu (je m’écoute = je m’entends)
2/ Ecouter pour entendre l’autre (j’écoute l’autre = j’entends l’autre)
3/ S’écouter (mutuellement) pour s’entendre ! (Nous nous écoutons = nous nous entendons)
La différence notable est celle du contexte du conflit entre deux ou plusieurs parties, et de son souhait de résolution amiable entre eux, de renouer le dialogue, la communication avec l’autre…
Le coaching, bien que praticable en groupe, est centré sur la personne, dans sa singularité, c’est un voyage à l’intérieur de soi-même, renouer la communication avec soi-même, s’écouter, résoudre son conflit intérieur, se connaître, se faire confiance, trouver ses propres solutions …
Les outils sont les mêmes : communication et écoute.
Oublier la tête, le conscient, sa raison, pour laisser parler le cœur, son inconscient, ses ressentis… et la magie opère…
C’est le travail du coaché, des médiés…
Le coach, le médiateur, ne sert que de guide…
Limite entre coaching et médiation dans le conflit
Le coaching axe essentiellement son travail sur le conflit intérieur, sur l’écoute de soi, sur la connaissance de soi.
La médiation intègre également cette étape mais de manière beaucoup plus étroite dans la mesure où elle reste centrée sur l’objet du conflit avec l’autre.
L’enjeu est alors de travailler sur une zone commune de plusieurs conflits intérieurs qui s’affrontent, tout en restant centré sur le lien qui existe entre eux afin de le faire émerger, créer la prise de conscience qui permettra de faire avancer les parties vers une route commune.
On pourrait aussi dire que 1 médié + 1 médié = 3 conflits
Le « Je », le « Tu » et le « Nous »
Alors que le coaching explorera le « Je », le « Tu » vu de « Je » et le « Nous » vu de « Je » afin de (re)construire positivement « Je ».
La médiation s’intéressera au « Tu » et au « Nous » vu de « Je » et vu de « Tu », afin de (re)construire positivement « Nous ».
La difficulté, je pense, pour un coach d’être médiateur serait de ne pas faire hors sujet en allant explorer au delà de l’objet du conflit qui anime les parties.
La difficulté d’un médiateur d’être coach serait à l’inverse de rester centrer sur un conflit et, par conséquent, de ne pas amener suffisamment le coaché à explorer son moi profond.
De la médiation au coaching
« La préparation en médiation professionnelle peut inspirer les coachs, par la rigueur d’un processus structuré, mais la suite est un travail qui ne relève pas de la posture de connivence que le coach établit avec ses clients.
L’enchaînement des deux, ne peut se faire que dans un sens, de la médiation au coaching »
Extrait de Wikimédiation
En complément : Extraits de Wikimédiation
Le coaching porte sur le rapport que le professionnel, le tiers coach, peut avoir avec une personne ou un groupe en tant qu’entité et un objectif précis, déterminé à l’avance, principalement en soi. Tandis que la médiation professionnelle est orientée sur la relation, souvent dans un contexte conflictuel ou dans la perspective de la qualité relationnelle.
La préparation en médiation professionnelle peut inspirer les coachs, par la rigueur d’un processus structuré, mais la suite est un travail qui ne relève pas de la posture de connivence que le coach établit avec ses clients.
L’enchaînement des deux, ne peut se faire que dans un sens, de la médiation au coaching
Si le médiateur professionnel devait user de la terminologie de coaching, il serait nommé « coach relationnel ». Le travail du coach en matière de médiation est de nature bien plus intra-personnelle. Le coaché est mis en perspective, tandis que c’est la relation qui l’est dans la médiation professionnelle. Et c’est bien là un aspect de différence essentiel.
Dans les deux pratiques il s’agit d’accompagner, de faire réfléchir, de libérer les personnes de leurs obstacles internes, de responsabiliser, d’aider à faire des choix, d’aider les personnes à trouver l’autonomie suffisante pour avancer dans un projet. En terme de résultat, la recherche des deux intervenants s’inscrit dans la pérennité.
Si le coaching inclue une certaine proximité avec le changement, un changement en soi, lequel devra nécessairement être le résultat de l’intervention du coach, la médiation professionnelle a le changement relationnel comme constante, sans pour autant qu’il doive être un résultat.
Le parti pris est un point caractéristique dans la relation individuelle du coach et de son client. Le médiateur doit avoir une posture distante garantissant son impartialité.
Dans le coaching, l’objectif d’atteindre de meilleurs résultats, constituent les axes d’intervention du coaching. La pratique est l’entretien personnel et vise à permettre à une personne de se centrer sur son objectif en évitant notamment l’éparpillement.
Ø travail sur la personne et un objectif
Ø privilégier l’autonomie
Ø aider à trouver ou développer ses propres ressources pour réaliser ses ambitions.
Dans la médiation, les éléments de postures signalent le médiateur professionnel : impartialité, indépendance et neutralité. La qualité et la dégradation relationnelle définissent le champ d’intervention des médiateurs professionnels. C’est dans la perspective de l’entretien, du rétablissement de la qualité relationnelle, ou de la prévention de sa dégradation qu’un médiateur professionnel intervient. Il accompagne la mise en place de moyens préventifs ou de résolution, internalisés ou externalisés, ou les conduit lui-même.
Ø travail sur la relation et la qualité relationnelle
Ø orientée sur un projet impliquant nécessairement une relation identifiée
Ø pour la résolution de conflit, processus structuré de l’entretien à la réunion
Ø La médiation professionnelle, portant sur la relation, consiste à déployer un travail sur la reconnaissance, une réflexion sur la confiance et les éléments de la détérioration relationnelle et de la restauration possible.
Par Aurélie THOREZ
